Les éditions de minuit, parution janvier 2017, 174 pages

Attention je vous déconseille d’aller voir en amont la signification de l’article 353 du code pénal sur internet (ou autre) cela gâcherait votre lecture !

Martial Kermeur, ancien ouvrier de l’arsenal de Brest, a investi toutes ses économies dans une arnaque immobilière. Voulant se venger, il part en mer avec Antoine Lazenec, le responsable de sa perte et le jette par-dessus bord.

Kermeur démêle l’histoire au juge d’instruction, il expose le début de cette arnaque et comment Lazenec, vicieux pervers, a embobiné tout un village, manipulant 30 investisseurs dont le maire du village, sans scrupules.

« Lui, Antoine Lazenec, il a fait comme un pionnier qui débarque sur une nouvelle terre. Nous, en Indiens effarés et naïfs, on a hésité sûrement entre une flèche empoisonnée et l’accueillir à bras ouverts, mais il semblerait bien qu’on ait choisi la deuxième option. »

Kermeur n’a pas seulement perdu son argent mais aussi l’amour de sa femme et la communication avec son fils est rompue. Il est seul et décide de faire justice lui-même.

Le lecteur est invité à se mettre à la place du juge. Kermeur touche et émeut. Cet homme dont les projets sont brisés est dépossédé et ne se laisse pas faire, il fait preuve de courage pour contrer Lazenec mais n’y parvient pas, celui-ci se fiche de lui.

« Et maintenant je dis : si on pouvait seulement entrevoir le démon dans le cœur des gens, si on pouvait voir ça au lieu d’une peau bien lisse et souriante, cela se saurait, n’est-ce pas ? »

« Qu’est-ce que tu veux que je fasse, j’ai dit. Ce genre de type, c’est comme la pluie, y a rien d’autre à faire qu’attendre que ça cesse. »

Le juge tente de comprendre Kermeur à travers ses dépositions. Comment en est-il arrivé à ce meurtre ?

« À partir de ce moment-là, j’ai dit au juge, c’est comme si le capitaine qui était censé habiter avec moi dans mon cerveau, c’est comme s’il avait déserté le navire avant même le début du naufrage. »

Un huis clos surprenant où les propos de Kermeur nous scotchent, il assume tout et avoue d’un naturel bluffant. Récit remarquable. Tanguy Viel parvient à nous émouvoir, nous attendrir pour ce breton dur à cuire au grand cœur. Une lecture intense, précise, qui se lit d’une traite. Mais au final qu’a décidé ce juge ? Peut-on faire justice soi-même ?

Article 353 du code pénal- Tanguy Viel

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