Rouergue, parution février 2016, 95 pages

Laure est en troisième mais depuis son entrée au collège elle est harcelée par un groupe de filles, toujours les mêmes. Laure encaisse, subit, ne montre aucun signe de faiblesse à son entourage.

« Quand on a peur, on ne croit plus en rien, ni aux belles choses, ni à ceux qui vous disent qu’ils vous aiment. »

Mais avec les années, les attaques verbales et physiques sont devenues plus violentes et vicieuses.

« Si, pour certains, le bonheur revient tous les jours comme une évidence, moi, j’ai l’impression que ce sont les tourments qui guident ma vie en forme de mauvais rêves. »

Les notes de Laure chutent, elle sèche les cours. Sa mère s’en aperçoit mais comment l’aider si celle-ci n’arrive pas à mettre des mots sur cette souffrance ? Le harcèlement a pris toute la place dans la vie de Laure et elle décide de se tourner vers les adultes. Qui pour l’aider ? Qui aller voir ?

« Je savais qu’à présent il me fallait aller dans des endroits secrets, chercher des malaises enfouis comme des vieilles pierres. Les tirer de l’ornière pour espérer aller mieux. »

Ahmed Kalouaz nous parle d’un sujet encore trop présent dans les établissements scolaires. On suit le cheminement d’une victime et pourquoi elle est poussée à se taire, pourquoi elle a peur de ses bourreaux.

« Ceux qui ne veulent pas se taire sont obligés de tenir leur langue, car, à la première plainte auprès d’un adulte, les victimes sont traitées de balance. »

« Longtemps j’avais fait silence et minimisé les faits que je subissais, par peur des représailles d’abord, puis par crainte de ne pas être protégée après avoir parlé. »

Il intègre également le harceleur (Léo) et pourquoi en arrive-t-il à ce statut ? La ‘réputation’ d’un élève a une place importante dans son cursus, soit il est meneur et survit, soit il est victime et sombre.

« Les faibles ne se rebellent jamais, ils craignent les coups de poing dans l’épaule, les regards noirs, l’isolement où ils se retrouvent, pourtant, à force de silence. »

L’écriture est agréable, simple, sans chichis et donc abordable par tous. Hélas, comme le récit est court je n’ai pas eu le temps de m’attendrir sur le personnage de Laure et d’éprouver de l’empathie. J’ai perçu ce roman plus comme un guide expliquant le mécanisme du harcèlement sur un enfant et ses effets. Dans ma position d’adulte j’aurais aimé plus de sentiments et de profondeur dans les personnages de Laure et Léo, je pense en revanche qu’un ado l’appréciera à sa juste valeur.

Les regards des autres- Ahmed Kalouaz

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