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3 août 2017

La joueuse de go- Shan Sa

Folio février 2017, Grasset 2001, 326 pages

Prix Goncourt des lycéens 2001

 

     Début des années 30. Le Japon envahit la Mandchourie, la guerre fait rage.

     Elle, collégienne de 16 ans (dont je tais le prénom volontairement) joueuse invétérée de go sur la place des Mille Vents, a la réputation d’être une adversaire redoutable.

     Lui, cet Inconnu, ce soldat de l’armée japonaise devenu espion à la demande de son capitaine, homme froid et distant, voué à la tradition de son pays.

     Ces deux-là n’auraient jamais dû se rencontrer, tous les séparent et pourtant le go les fait se rapprocher un peu, beaucoup, dangereusement.

« Après un entraînement impitoyable qui dessèche et brise le corps, une séance de go avec la Chinoise est une évasion vers le pays des démons. »

     Chacun tait sa vraie nature mais à force de parties de go un lien se noue entre eux inconsciemment. Elle ignore que cet Inconnu recherche les résistants tels que son amant. Sans rien dévoiler ils s’apprivoisent et se décryptent pour peut-être s’aimer.

« Comment lui ouvrir mon cœur sans trahir ma patrie ? Comment lui dire qu’un miroir nous sépare, que nous tournons en rond dans deux mondes hostiles ? »

 

 

     Ce roman est un bijou à la Shakespeare. Deux destins que tout oppose mais que tout réunit…

     Le récit est découpé en courts chapitres où chacun des deux personnages est narrateur. Nous découvrons la jeune collégienne avec ses premières amours, son envie de vivre pleinement son adolescence, refusant de devenir une épouse soumise à son mari.

« J’ai besoin de respirer la vie, les arbres, la chaleur de ma ville. Je saurai maîtriser mon destin et me rendre heureuse. Le bonheur est un combat d’encerclement, un jeu de go. Je tuerai la douleur en l’étreignant. »

     À travers lui, j’ai imaginé cette guerre faite de viol, de torture et d’exécution. Cet homme prêt à se sacrifier pour sa patrie.

     Un roman délicat qui heurte, avec ce conflit empli de violence, mais qui émeut par l’amour essayant de se faire une place. Il est également initiatique, ce passage à l’âge adulte où la découverte du sexe et des sentiments prône.

« Au fur et à mesure que je découvre le corps de Min, centimètre par centimètre, il devient une terre infinie. Je l’explore, j’écoute le soupir de sa peau, je lis la carte de ses veines. »

     J’ai été touchée par ces deux voix si différentes. Le poids de la tradition dans la culture asiatique m’a parfois heurté, nous qui sommes à mille lieux de vivre ça en occident.

     Un magnifique texte, poétique en contradiction avec le contexte du récit, agréable à lire mais ô combien douloureux il faut l’avouer. Cette fin tragique m’a fait verser plus d’une larme.

 

     Merci à Madame ‘Doucet’ pour ce joli cadeau.

 

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