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Mes écrits d'un jour
10 mars 2017

Nous, les passeurs- Marie Barraud

Robert Laffont, parution janvier 2017, 185 pages

 

     Marie part à la recherche de ce grand-père qu’elle n’a pas connu du fait du silence de sa famille à son sujet.

« Ma grand-mère n’est plus de ce monde, et je regrette de ne pas avoir demandé, cherché, dérangé ce qui avait été si soigneusement caché. Je n’y étais pas autorisée, mais j’aurais dû me glisser dans le grenier. »

     À 35 ans elle brise le silence et décide de reconstruire son histoire familiale.

     Albert Barraud est médecin à Bordeaux et fait partie de la résistance lors de la Seconde Guerre mondiale au sein de l’organisation civile et militaire. Il est dénoncé et arrêté en avril 1944 par le commissaire Pierre Poinsot. Le 21 mai 1944 il est déporté au camp de Neuengamme et se lie d’amitié avec un certain Roger Joly.

« C’était bien l’enfer qui les attendait. Un enfer qui allait dépasser tout ce qu’ils avaient pu imaginer. »

     Il est envoyé à l’infirmerie comme médecin chef du revier I travaillant en collaboration avec Veyssière. Au fil de ses investigations Marie découvre que son grand-père était un héros, il soignait, protégeait et sauvait les déportés de ce camp si rude.

« Je pense que chaque survivant de chaque camp a son médecin de l’impossible, ceux qui, dans cet univers de douleur et de violence, ont introduit la bonté et l’espoir. »

« Héros ou bourreaux, nos ancêtres nous transmettent bien plus que leur nom. »

     Il aurait pu s’évader à plusieurs reprises mais il choisit sa vocation avant tout et alla jusqu’au bout de son engagement.

« Il n’a jamais pardonné aux Allemands de l’avoir contraint au choix, comme jamais il n’oublia le regard et le sourire des vies qu’il sauva. »

     Albert est mort le 3 mai 1945 en mer Baltique.

 

     Marie Barraud nous entraîne avec elle dans cette quête. Nous plongeons dans ses recherches, ses souvenirs, ses découvertes. À travers elle j’ai ressenti la dureté du camp de travail, le manque d’oxygène dans les trains de la mort, respiré les fumées des fours crématoires, ressenti la faim. Elle comprend la souffrance de son père, pourquoi il ne parlait jamais d’Albert et pourquoi il lui en veut autant.

     Une écriture délicate qui ne heurte jamais le lecteur dont les mots nous transportent et nous bouleversent. Le sujet aurait pu être difficile à aborder mais l’auteure le fait de façon juste et admirable, le rendant plus lumineux avec l’espoir de vivre planant en continu.

     Un magnifique hommage rendu à ces hommes déportés qui ont souffert de la folie d’un seul !

« Ici, le temps s’est arrêté le jour où des hommes ont cessé de se comporter en hommes et que les premiers cœurs se sont éteints. »

     Ce roman fait partie de la sélection des 68 premières fois, édition 2017.

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