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24 février 2017

Les parapluies d’Erik Satie- Stéphanie Kalfon

Joëlle Losfeld Editions, parution janvier 2017, 212 pages

 

     En 1887 Erik Satie a 17 ans, est viré du conservatoire, jugé trop insolent et refusant de se conformer aux règles de l’établissement.

« ICI, ON EXÉCUTE LA MUSIQUE !

   IL N’Y A PAS DE VÉRITÉ EN ART :

   LES COMPOSITEURS NE DOIVENT PAS

   ETRES ESCLAVES DES REGLES. »

     Il reste deux ans à ne rien faire et y retente sa chance mais ils ne veulent toujours pas de lui pour les mêmes raisons. À 20 ans il décide de s’engager dans l’armée mais sa fébrilité ne fait pas de lui un bon soldat, dehors ! Erik Satie est seul et a besoin de reconnaissance mais comment y parvenir avec sa singularité.

« Tous, nous avons tous une signature de vie. C’est elle qui vous rend singulier, à cause d’elle que les choses arrivent d’une certaine manière, et se répètent ou se déroulent selon une musique spéciale, identifiable, différente. »

     Il est obsédé par la mort de Diane, sa petite sœur à l’âge de 8 mois mais aussi par celle de sa mère Jane deux mois plus tard et de sa grand-mère Granny, elle qui l’a élevé de nombreuses années. Elles le hantent chaque jour de son existence.

     Ses rencontres l’amènent à jouer les gymnopédistes à l’Auberge du Clou, puis à croiser la route de Claude Debussy, qui fera naître une amitié de 30 ans.

     À 36 ans il commence à sombrer dans l’alcool et n’arrive plus à créer. Il a toujours caché sa misère aux autres, vivant dans une petite chambre à Arcueil avec pour seule compagnie deux pianos, des partitions et 14 parapluies identiques.

« Alors alors, dès qu’il a un sou en poche, c’est pour acheter un parapluie :

   un de Secours (de couleur noire)

   un Just in case (de couleur noire)

   un Malheureux (de couleur noire)

   un plus Solide (de couleur noire)

   un qui s’Envole (de couleur noire)

   un Jetable (de couleur noire)

   un très Digne (de couleur noire)

   un Imperméable (de couleur noire)

   un que l’on peut Casser (de couleur noire)

   un qui nous Attend (de couleur noire)

   un très Intimidant (de couleur noire)

   un Alambiqué (de couleur noire)

   un très Sportif, qui défend bien (de couleur noire)

   et le dernier, gentil, juste pour les Dimanches (de couleur noire) »

     Toujours habillé de la même sorte, empruntant le même chemin dans les rues.

« Il est un continent sans passeport valide. Il est sans barrière, sans limite. Il invente donc un style vertigineux, en supprimant les barres de mesure. C’est cela, le style Satie. Aucun jugement, aucune mesure, aucune norme ne peuvent plus vous barrer la route. »

     Erik Satie passe les 27 dernières années de sa vie à errer dans les bars, seul, incompris, méconnu.

« Je n’aime pas marcher dans le vent, il kidnappe les sons et les rythmes, il écrase tout. Quand il souffle il nous rend sourd. »

« Rire d’une absurde mélancolie pour ne pas prendre ni la vie ni la mort au sérieux, quitte à ne jamais être pris au sérieux, tel est le piège. »

« Parfois, s’égarer hors du monde est le meilleur moyen d’en ressentir la vraie pulsation. »

 

     Ce roman biographique rend un bel hommage à Erik Satie, musicien mal dans sa peau car incompris des autres. Il a consacré sa vie à la musique. Il nous montre sa fragilité dès le début de son enfance jusqu’à la fin de sa vie. Cet homme m’a fait souffrir avec lui tout au long du livre. Chaque période de sa vie nous renvoie à une découverte comme par exemple le cinéma, la tour Eiffel, le Coca-Cola…enrichissant notre culture. Comme il n’est pas simple d’être un artiste ‘hors-norme’.

 

     Ce roman fait partie de la sélection des 68 premières fois, édition 2017

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